Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/194

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d’ambitieux ou de fanatiques, nous désirons finir la Révolution ?… Nous sentons bien que nous n’y parviendrons qu’en donnant une forte base à l’autorité royale… Ah ! si le côté droit, au lieu d’irriter toujours la gauche en repoussant tout ce qu’elle propose, secondait la revision !… »

Cette ouverture signifiait que les constitutionnels, voyant se briser dans leurs mains la machine des Feuillants, voyant la fraction patriote du nouveau club déjà tournée vers la porte pour retourner aux Jacobins, se jetaient eux-mêmes à droite, s’adressaient aux royalistes.

Et quand je dis les constitutionnels, je parle surtout de Barnave. Lui seul semblait conserver la vie, l’entrain et l’espoir. Rien ne peut exprimer la lassitude des autres, leur ennui, leur dégoût, leur découragement. Ils attendaient impatiemment l’heure bénie qui allait les rendre au repos. Cette Assemblée, en deux ans et demi, avait vécu plusieurs siècles ; elle était, si j’ose dire, rassasiée d’elle-même, elle aspirait passionnément à sa fin. Lorsque d’André lui proposa les nouvelles élections qui allaient la délivrer, elle se leva tout entière et salua l’espoir de son anéantissement d’applaudissements frénétiques.

Une lettre confidentielle d’un homme sûr, très instruit de la situation, lettre de M. de Gouvernet à M. de Bouillé, nous révèle cette circonstance romanesque que n’eût point devinée l’histoire : c’est que la vie de l’Assemblée, l’espoir de la