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il sort propre et décent, dans son habit neuf rayé[1]. Ses lunettes témoignent qu’avant l’âge il a déjà usé ses yeux pour le service du peuple… Que ne peut-on baiser les basques de son habit ! On le suit du moins… Il marche, sans reconnaître personne, sec, de pureté civique, et droit, comme la vertu.

Que nous voilà déjà loin du 18 juillet, de cette adresse rampante par laquelle Robespierre a sauvé les Jacobins ! Nous avons atteint le 1er septembre. La revision est terminée. Il s’agit de savoir comment la constitution sera présentée à l’acceptation du roi, comment on constatera qu’à ce moment le roi est libre. L’Assemblée lui permettra-t-elle de modifier, d’accepter sous condition ? Robespierre apporte un discours bien calculé pour foudroyer l’Assemblée dans son parti dominant, pour l’outrager et l’écraser dans l’homme le plus éminent du parti, Adrien Duport. Cet outrage solennel est une chose politique, pour constater la défaite ; un parti vaincu n’est jamais vaincu, aux yeux de la plupart des hommes, que quand il peut être impunément outragé, quand il tombe dans le mépris.

« On doit être content sans doute, dit Robespierre, de tous les changements essentiels qu’on a obtenus de nous. Si l’on peut encore attaquer, modifier une

  1. C’est vers cette époque, si je ne me trompe, que l’habit olive, le premier habit (au dire de M. Villiers, qui logeait d’abord avec Robespierre), doit avoir un successeur.

    En quittant sa solitude, changeant de quartier, de maison, il prit vraisemblablement l’habit rayé qu’on portait beaucoup alors, et qu’on voit dans tous ses portraits.