Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/213

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Quel livre il faudrait pour expliquer, apprécier ce corps immense de trois mille lois qu’elle a laissées !… Peut-être essayerons-nous d’en saisir l’esprit, quand nous pourrons les mettre en regard des lois analogues ou contraires de nos autres assemblées. Notons seulement, quant aux lois de la Constituante, que celles même qui sont abolies n’en restent pas moins instructives et fécondes. Cette grande Assemblée semble parler encore à toute la terre. Les solutions générales et philosophiques qu’elle donna à tant de questions sont toujours étudiées avec fruit, consultées avec respect de tous les peuples. Elle n’est pas restée le législateur du monde, elle en est toujours le docteur, elle lui conserve, noblement formulés, les vœux du siècle philosophe, son amour du genre humain.

Dans cette histoire trop rapide, je n’ai pu, sous ce rapport, rendre à l’Assemblée constituante ce qui lui est dû. J’ai été involontairement injuste envers elle, parlant des intrigues et non des travaux, nommant toujours les chefs de parti, les meneurs, fort attaquables, et ne disant rien de cette foule d’hommes éclairés, modestes, impartiaux, qui remplissaient les comités ou dans l’Assemblée votaient avec intelligence et patriotisme, et tant de fois fixaient la majorité du côté de la raison. Une masse flottante d’environ trois à quatre cents députes, dont presque aucun n’a parlé, dont aucun ne marque comme opinion tranchée, a fait peut-être la force réelle de la Constituante, appuyant toujours les solu-