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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/215

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unique le monument qu’il lui doit, quand, au sommet de la pyramide, siégeront ensemble Voltaire et Rousseau, Montesquieu, Diderot, Buffon, sur la pente et jusqu’au bas siégeront aussi les grands esprits de la Constituante, et à côté d’eux les grandes forces de la Convention. Législateurs, organisateurs, administrateurs, ils ont, malgré toutes leurs fautes, laissé d’immortels exemples. Vienne ici la terre entière, qu’elle admire et qu’elle tremble, qu’elle s’instruise par leurs erreurs, par leur gloire et par leurs vertus.

Mais l’heure sonne, il faut qu’elle périsse, cette grande Constituante. Elle ne peut plus rien pour la France, rien pour elle-même. Il faut que la Convention nous vienne, d’abord sous le nom de Législative. Il faut que l’association jacobine couvre et défende la France. Il faut une conjuration contre la conspiration des prêtres et des rois.

Le 27 août, à Pilnitz, l’Empereur et le roi de Prusse avaient écrit une note menaçante pour la France, vague d’abord. Puis Calonne était accouru. Sous son influence active, au souffle haineux des émigrés, les rois eux-mêmes prirent feu, et, sans bien s’en rendre compte, ils dépassèrent la mesure qu’ils s’étaient prescrite. Ils se laissèrent entraîner à ajouter cette phrase au manifeste : « Qu’ils donneraient ordre pour que leurs troupes fussent à portée de se mettre en activité. »

Ce fut un avantage pour la France d’être avertie ainsi. Les émigrés, avec leur maladresse ordinaire, sonnaient le tocsin avant l’heure. La lettre pacifique