n’avaient pas le temps de faire les trois opérations qu’ils avaient en vue : acheter, trouver des acquéreurs, leur revendre et déjà recevoir d’eux quelque portion du prix qui pût aider l’acquéreur au premier payement.
C’était un sujet de joie pour les contre-révolutionnaires de voir que la grande opération, avec tant de facilités offertes, traînait, avortait. Un jour qu’ils disaient à Mirabeau : « Vous ne les vendrez jamais, vos biens nationaux… », on assure qu’il leur répliqua : « Eh bien, nous les donnerons. »
Au 24 mars 1791, il ne s’en était encore vendu que pour cent quatre-vingts millions à peu près. L’Assemblée avait donné un délai aux acquéreurs jusqu’en mai. Délai insuffisant ; elle le sentit le 27 avril, et elle étendit le délai de huit mois entiers, jusqu’en janvier 1792. Cette mesure habile eut un effet incalculable ; aucune à cette époque ne contribua davantage à sauver, à affermir la Révolution. En cinq mois, chose prodigieuse ! la vente fut de huit cents millions ; en sorte que le 26 août, le comité, dans son rapport à l’Assemblée, déclare qu’on a adjugé, en tout, des biens nationaux pour la valeur de UN MILLIARD !
Aucun des avantages offerts jusque-là ne les faisait acheter. Ils étaient affranchis de toute hypothèque légale, francs de toute redevance, de tout droit de mutation, libres de toutes dettes, rentes constituées, fondations. Tout cela n’avait pas suffi pour donner l’essor à la vente. La mainmorte, ce