amer ! il a laissé une larme jusque dans les yeux secs de Goethe, du grand moqueur, du grand douteur, qui lui-même s’intitule « l’ami des tyrans ». Cette larme, nous aussi, nous l’aurons toujours au cœur ; elle nous revient souvent, éveillé ou endormi, avec un mortel regret pour la fortune de la France ; nous la retrouvons souvent au matin, cette larme, sur l’oreiller.
Les misérables défiances que nous avons vues de nos jours (l’Italie veut agir seule, — l’Allemagne veut agir seule), elles n’auraient tombé alors à personne dans l’esprit. La France ne faisait point un pas dans la liberté qui ne pénétrât l’Allemagne d’amour et de joie. Elle disait, garrottée : « Oh ! si la France venait ! » Au fond du Nord, une invisible main écrivit ces mots sur la table de Gustave : « Point de guerre avec la France. » Tous savaient bien alors qu’elle faisait l’affaire de tous, qu’elle ne voulait la guerre qu’afin de fonder la paix. Ils se confiaient à elle. Et combien ils avaient raison ! combien peu elle songeait à ses intérêts ! Elle n’en avait qu’un seul, le salut des nations. Hors ses annexes naturelles, Liège et la Savoie, deux peuples de même langue et qui sont nous-mêmes, la France ne voulait rien. Pour rien au monde, elle n’eût pris un pouce de terre aux autres. Personne, on l’ignore encore, n’est moins conquérant que la France dans ces moments sacrés. Il faut du temps, des obstacles, la tentation du péril, pour qu’elle retombe aux intérêts et devienne injuste.