Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/264

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un mot, se révéla par un acte : lorsque, en juillet, l’Assemblée songeait à envoyer des commissaires dans les provinces avant les élections, le Jacobin Buzot s’y opposa, et l’on eut le surprenant spectacle de voir Buzot appuyé par l’homme de la cour, d’André. Plus tard, aux élections municipales, le constitutionnel La Fayette se présentant en concurrence du Jacobin Pétion, la reine dit aux royalistes de voter pour le Jacobin, pour celui dont la violence devait pousser la Révolution plus vite à son terme, en fatiguer bientôt la France.

Cela eut lieu en novembre, et c’est le terme où Barnave dut comprendre enfin, où il dut pénétrer le vrai sens des paroles qu’elle lui donnait. Elle n’avait osé le revoir qu’au 13 septembre, le jour de l’acceptation. Depuis elle le reçut, mais toujours avec mystère, de nuit souvent, se tenant elle-même à la porte pour ouvrir, ainsi que nous l’avons dit. Louis XVI était-il toujours en tiers ? On est tenté de le croire ; la femme de chambre toutefois ne le dit point expressément. Septembre, octobre, en tout deux mois, ce fut le règne de Barnave, qu’il a payé de sa vie. En novembre, convaincue du peu d’action qu’il conservait sur l’opinion et sur l’Assemblée, la reine ne le ménagea plus, ni les constitutionnels ; elle fit voter les royalistes contre eux, contre ceux qu’appuyait Barnave. Courte faveur, retirée brusquement, sans égards ni respect humain ; il retourna, brisé, dans son désert de Grenoble.

Le roi, malgré son éducation jésuitique et la