Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/274

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brusques et colériques. Nous l’avons vu, le jour même où il accepta la constitution, lorsque l’Assemblée venait, par le massacre du Champ de Mars et par la revision, de relever le trône en s’immolant elle-même, le roi pleura pour l’étiquette, et le soir, ab irato, écrivit à l’Empereur.

Ennemi d’éducation et de croyance. Le roi, élevé par La Vauguyon, le chef du parti jésuite, eut toujours, et de plus en plus, à mesure qu’il fut malheureux, son cœur dans la main des prêtres.

Enfin, fatalement ennemi, comme centre naturel, involontaire et nécessaire, de tous les ennemis de la liberté. Sa situation le posait comme tel, invinciblement ; quoi qu’il dît ou fît, absent ou présent, il était le chef obligé de la contre-révolution. Louis XVI, sans vouloir suivre les plans de l’émigration, était avec elle à Coblentz. Louis XVI était en Vendée dans tous les sermons des prêtres, et partout ailleurs où le fanatisme dressait ses machines. Dans tous les conseils des prêtres ou des nobles, absent, il n’en siégeait pas moins ; c’était pour lui, par lui, ce fatal martyr de la royauté, que tous les rois de l’Europe rêvaient d’exterminer la France.


Jamais il n’y eut assemblée plus jeune que la Législative. Une grande partie des députés n’avaient pas encore vingt-six ans. Ceux qui venaient de voir sortir la Constituante, qui l’avaient encore dans les yeux, harmonique et variée d’âges, de positions, de costumes, furent saisis, presque effrayés à l’entrée