Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/29

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historique qu’on lui a tant reproché pour le 6 octobre. « Bah ! dit-il, c’est impossible ! » En effet, il avait laissé son aide de camp, Gouvion, la veille, à minuit, dormant le dos appuyé à la porte de la reine.

La Fayette avait reçu beaucoup d’avertissements ; mais ce qui le rassurait, ainsi que Bailly, ainsi que Montmorin, et Brissac, commandant du château et ami personnel du roi, c’était la confiance qu’ils avaient tous dans la sensibilité de Louis XVI. Ils juraient sur leur tête que le roi ne partirait pas, se figurant en effet qu’il ne voudrait pas les mettre en danger.

Les premières personnes que La Fayette, descendant précipitamment, trouve dans la rue, c’est Bailly et Beauharnais : celui-ci était président de l’Assemblée ; Bailly, le nez, le visage longs et jaunes, plus encore qu’à l’ordinaire. Personne ne devait en effet s’accuser plus que Bailly. Il avait livré à la reine ces dénonciations écrites dont on a parlé, de sorte que, sachant précisément les avis qu’on avait contre elle, elle chercha et trouva une issue moins surveillée. Bailly, fils du garde des tableaux du roi, protégé par lui, héréditairement attaché à la maison royale, se montra meilleur domestique que magistrat et citoyen, se fiant de tout à la reine, croyant la lier d’honneur et de sensibilité, s’imaginant qu’elle hésiterait à perdre par sa fuite le faible et dévoué serviteur qui lui immolait son devoir.

Bailly pouvait se croire perdu si le roi n’était