Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/312

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ecclésiastiques. La foule furieuse des soldats s’empara de la municipalité, la jeta prisonnière dans le palais des papes, avec la dame Niel et son fils, en tout une quarantaine de personnes. Mulot, obligé de sortir d’Avignon, réclama en vain pour eux. Il parla comme médiateur, il pria comme homme, demanda comme justice ou comme faveur qu’on les lui rendît. Dans le pressentiment sinistre qui le torturait, il alla jusqu’à avouer l’intérêt passionné qu’il portait à tels des captifs : « Quoi ! disait-il dans sa lettre, je n’aurais eu qu’un ami en arrivant à Avignon et je le verrais dans les fers ! » Douze prisonniers lui furent rendus, des étrangers, des indifférents ; on garda les autres, la mère surtout et le fils.

La municipalité nouvelle procéda à la grande et nécessaire opération de la vente des biens d’église. On décida que les petites communautés, où il y avait moins de six religieux, seraient tout d’abord supprimées, que toutes donneraient état de leurs biens. On commença à fondre les cloches, à réunir les ornements d’église, à les mettre en vente. Ces opérations étaient menées par Duprat et les violents à grand bruit, sans ménagement pour les croyances du peuple. Lescuyer leur remontrait en vain qu’il fallait procéder d’une manière régulière et dans les formes légales. Il ne voulait rien que la loi. Ce fut en son nom qu’il se présenta au chapitre d’Avignon, somma les chanoines d’élire un chef constitutionnel du clergé, et leur déféra le serment civique, qu’ils ne voulurent point prêter.