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les directoires des départements voisins de laisser partir les vaillantes gardes nationales de Marseille, d’Aix et de Nîmes, qui ne demandaient qu’à soutenir les patriotes d’Avignon. Ces directoires agirent parfaitement dans la pensée de la cour.

Les commissaires nommés pour exécuter le décret furent retenus à Paris. Des médiateurs anciens, deux revinrent, Verninac, Lescène ; un seul resta, le royaliste, l’abbé Mulot, qui, ayant laissé aux prisons du palais des papes un trop cher otage, voulait à tout prix l’en tirer.

Mulot ne pouvait agir directement sur Avignon. Il ne disposait pas de troupes. Les officiers étaient aristocrates, ainsi qu’une partie des soldats, surtout les hussards ; mais le général était Jacobin. Il lui fallait une occasion pour forcer celui-ci d’agir, pour frapper, au nom de la France, un coup assez fort, qui terrifiât les patriotes, encourageât contre eux le petit peuple d’Avignon et délivrât les prisonniers. L’occasion se présenta le jour même où l’on reçut la nouvelle de la réunion. La petite ville de Sorgues, frappée de rudes contributions par les patriotes, en avait égorgé, mutilé plusieurs. Elle avait été désarmée, et le parti patriote y avait repris le dessus. À la nouvelle de la réunion, les papistes de Sorgues, sûrs désormais de l’appui de nos troupes aristocrates, voulurent reprendre leurs armes. L’abbé Mulot, appelé par eux, obligea le général d’envoyer des troupes ; une mêlée s’ensuivit, nos troupes tirèrent et tuèrent entre autres un officier municipal