Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/380

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profond, un complot bien arrêté, entre la cour, d’une part, et, de l’autre, les Feuillants, Staël, Narbonne et La Fayette. Ils veulent compromettre les armées de la France, les amener mal organisées devant les cent mille vieux soldats allemands qui bordent nos frontières, simuler quelque opération, se faire battre, ou bien encore, par quelque petit avantage arrangé et convenu, se porter pour nos sauveurs et revenir nous imposer leur constitution anglaise, pairie, aristocratie », etc. — Cela était spécieux, et pourtant cela était faux, quant à l’accord avec la cour ; Narbonne lui était imposé. Elle haïssait les Feuillants bien plus que les Jacobins ; et pour La Fayette, bien loin de lui désirer un succès, elle venait de lui faire éprouver le plus humiliant échec aux élections de Paris.

« Il est bien vraisemblable encore, disait Robespierre, que Brissot et la Gironde s’entendent avec la cour, les Feuillants, Narbonne et La Fayette. Brissot n’attaque pas Narbonne », etc. — Cela était faux encore. Brissot, qui, jusqu’au massacre du Champ de Mars, espérait dans La Fayette, Brissot ne le revit plus depuis cette époque, et, sans l’attaquer vivement, il lui fut hostile, appartenant sans retour au parti qui, malgré La Fayette, malgré les Feuillants, voulait renverser le trône.

Robespierre était à la fois trop méfiant et trop subtil pour trouver la vérité. Le réel (aujourd’hui évident, incontestable) était que la cour, les Feuillants, les Girondins, n’étaient nullement dans l’as-