Desmoulins, qui a tant d’esprit, n’en a plus la disposition. Il va, il vient, il croit, il doute, selon Danton, selon Robespierre ; selon lui-même, jamais.
Le plus original, comme toujours, c’est Danton. Parlant devant les Jacobins, il craint de ne pas paraître partager toute leur défiance. Il craint, il le dit lui-même, qu’on ne l’accuse d’être contre le parti de l’énergie. Il tourne, se répand en vaines et retentissantes paroles, disant que, certes, il veut la guerre, mais qu’auparavant il veut que le roi agisse contre les émigrés, etc.
Brissot répondit plusieurs fois aux arguments de Robespierre, sans jamais pouvoir ébranler l’autorité de celui-ci près des Jacobins. Outre leur infatuation, qui leur faisait d’avance prendre en mauvaise part ce qui lui était contraire, ils avaient une bonne raison de moins écouter Brissot. Robespierre disait toute sa pensée, Brissot la moitié de la sienne. Le premier montrait à merveille que la cour, les Feuillants, Narbonne, étaient trop suspects pour leur confier la guerre. Mais Brissot, se répandant en généralités que l’on ne contestait pas, ne disait pas, ne pouvait dire sa pensée intime, à savoir :
« Que la Gironde, maîtresse du mouvement qui montait, était sûre d’écarter Narbonne, de saisir l’épée elle-même, et, renversant l’ennemi du dedans, le roi, de marcher avec unité contre l’ennemi du dehors. »
Ainsi la partie entre eux n’était pas égale, Brissot ne pouvant employer qu’une partie de ses moyens.