Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/451

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sera qu’une promenade militaire. » La promenade, il voulait la faire à l’allemande, lente, agréable et méthodique. En vain, M. de Bouillé, qui connaissait bien autrement le terrain et la situation, lui disait qu’on manquerait tout si l’on ne faisait une pointe hardie, rapide, en Champagne, tout droit sur Paris. Brunswick était moins pressé. Le romanesque ministère de Madame de Staël lui avait adressé, dit-on, l’étrange proposition de le faire, s’il voulait, roi de France. Il paraît n’avoir pas pris la chose au sérieux. Et toutefois, telle est la faiblesse des hommes, toute ridicule que fût cette idée, elle lui troublait l’esprit. Il voulait voir ce que deviendrait cette grande affaire de France, pas tout à fait mûre encore ni suffisamment embrouillée.

Dumouriez, avec l’intrépidité d’effronterie qui brille partout dans ses Mémoires, fait entendre que la Gironde, qui avait poussé à la guerre d’un effort désespéré, fut précisément l’auteur de l’échec. S’il ne dit la chose tout à fait ainsi, il la pose implicitement dans ces deux assertions : 1o il y eut complot ; 2o la Gironde y avait intérêt. Ce dernier point est vraiment contestable, inadmissible. Les avocats de la guerre, qui tant de fois avaient juré le succès et la victoire, recevaient d’aplomb sur la joue le coup du premier revers.

Il y parut le soir du 30 avril, au moment où se répandit dans Paris la lettre qui annonçait le désastre du 28. Brissot, qui jusque-là luttait aux