Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/482

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à fait opposé, il n’aimait pas ces grands mouvements. M. de Robespierre était homme d’une pièce, il ne fallait pas le sortir de sa tactique jacobine ni de ses habitudes. Soigné, coiffé, poudré, il n’eût point compromis dans ces bagarres, ni même dans la rude société de l’émeute, l’économie de sa personne.

Ni la Gironde ni les Jacobins n’agirent.

La première aida de ses vœux ; Pétion de sa connivence, et encore bien moins qu’on a dit.

Les Jacobins étaient fort divisés. La grande majorité était, comme Robespierre, contraire au mouvement.

Cette division des Jacobins y était peut-être le plus grand obstacle. Le mouvement naturel et spontané du peuple en était compromis ; il devait hésiter devant l’incertitude de la grande société, devant l’énorme autorité de Robespierre. C’est là que se plaçait la nécessité de l’intervention individuelle, de l’art et du génie, pour que le mouvement n’avortât pas parmi de tels obstacles, pour qu’il eût son cours naturel, pour que l’âme du peuple ne restât pas muette et comprimée par son respect pour ses faux sages.

On se rappelle la belle parole de Vergniaud :

« La terreur est souvent sortie de ce palais funeste ; qu’elle y rentre, au nom de la loi !… » Cela fut dit par Vergniaud ; mais si quelqu’un le fit, du moins contribua à le faire, ce fut, je crois, Danton. Cet homme eut, entre tous, de la Révolution le vrai génie pratique, la force et la substance, ce qui la