il eût pu emporter le poste ; mais il y avait généralement dans la foule un esprit de douceur et de modération. Ils n’essayèrent point de lutter, abandonnèrent le projet de planter leur arbre sur la terrasse, se détournèrent dans la cour voisine des Capucins et s’amusèrent à le planter.
Cependant leurs commissaires réclamaient de l’Assemblée la faveur de défiler devant elle. Ils assuraient qu’ils déposeraient leur pétition sur le bureau et n’approcheraient pas même des Tuileries. Vergniaud, en demandant leur admission, voulait qu’à tout hasard on envoyât au roi soixante députés. La précaution était fort sage. Chose étrange, ce fut un Feuillant qui s’y opposa, disant que cette précaution serait injurieuse pour le peuple de Paris.
Cependant la musique qui les précède fait entendre le Ça ira ; ils entrent. Leur orateur lit à la barre la menaçante pétition : elle contenait telle parole violente qui sentait le sang, celle-ci, par exemple, à l’adresse de l’Assemblée même : « La patrie, la seule divinité qu’il nous soit permis d’adorer, trouverait-elle jusque dans son temple des réfractaires à son culte ?… Qu’ils se nomment, les amis du pouvoir arbitraire ! Le véritable souverain, le peuple, est là pour les juger. — Nous nous plaignons, Messieurs, de l’inaction de nos armées (ceci contre La Fayette). Pénétrez-en la cause ; si elle dérive du pouvoir exécutif, qu’il soit anéanti ! — Nous nous plaignons des lenteurs de la haute cour nationale… Veut-on forcer le peuple à reprendre le glaive ? » Ils deman-