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général qui l’emportait vers la guerre. — La guerre intérieure d’abord, pour faire face ensuite à l’autre. — Le coup de hache frappé aux portes de la chambre du roi, ce coup déjà, il faut le dire, fut frappé sur l’ennemi.

Détournez les yeux de Paris et contemplez, je vous prie, si votre regard peut l’embrasser, l’immense, l’inconcevable grandeur du mouvement. Six cent mille volontaires inscrits veulent marcher à la frontière. Il ne manque que des fusils, des souliers, du pain. Les cadres sont tout préparés ; les fédérations pacifiques de 1790 sont les bataillons frémissants de 1792. Les mêmes chefs souvent y commandent ; ceux qui menèrent le peuple aux fêtes vont le guider aux combats. Pour ne citer qu’un exemple, prenons ce fils de l’amour, le bâtard Championnet, chef de la première fédération du Midi, celle de l’Étoile près Valence. Le voilà maintenant qui entraîne ses fédérés : 6e  bataillon de la Drôme.

De même, tout à l’heure, dans l’Hérault. Les fédérés de Montpellier vont nous donner ce corps fameux, l’immortelle, l’invincible 32e demi-brigade.

Ces innombrables volontaires ont gardé tous un caractère de l’époque vraiment unique qui les enfanta à la gloire. Et maintenant, où qu’ils soient, dans la mort ou dans la vie, morts immortels, savants illustres, vieux et glorieux soldats, ils restent tous marqués d’un signe qui les met à part dans l’histoire. Ce signe, cette formule, ce mot qui fit trembler toute la terre n’est autre que leur simple nom : Volontaires de 1792.