paru, vous aurez quelque faible idée de l’état où est restée l’histoire du 10 août.
Le pis, c’est que de grands artistes, ne voyant en toutes ces traditions, vraies ou fausses, que des objets d’art, s’en sont emparés, leur ont fait l’honneur de les adopter, les ont employées habilement, magnifiquement, consacrées d’un style éternel. En sorte que les mensonges, qui jusque-là restaient incohérents, ridicules, faciles à détruire, ont pris, sous ces habiles mains, une consistance déplorable et participent désormais à l’immortalité des œuvres du génie qui malheureusement les reçut.
Il ne faudrait pas moins d’un livre pour discuter une à une toutes ces fausses traditions. Nous laissons ce soin à d’autres. Pour nous, qu’il nous suffise ici de donner seulement deux sortes de faits, les uns prouvés par des actes authentiques, les autres vus ou accomplis par des témoins irrécusables, dont plusieurs vivent encore. Nous les avons préférés sans difficulté aux historiens connus ou auteurs de Mémoires, pour la raison, grave et décisive, qu’aucun ou presque aucun de ceux-ci (ni Barbaroux, ni Weber, ni Peltier, etc.) n’ont pris part à la bataille et ne l’ont pas même vue.
La bataille du 10 août semble un de ces loyaux combats où les deux partis, de longue date, ont soin de s’avertir d’avance. La population de Paris, d’une part, et la cour, de l’autre, donnèrent la plus grande publicité aux préparatifs.