Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/564

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Robespierre, on vient de le voir, ne se pressait pas d’agir. Il n’avait nullement conseillé le mouvement, mais il le veillait de près et, sans s’y mêler en rien, se tenait prêt à profiter. Il fit dire à Barbaroux, par un abbé en guenilles (depuis l’un des juges de 1793), que Panis l’attendait à la mairie avec Sergent et Fréron. Ces deux derniers étaient sous l’influence de Danton. Mais Panis était un homme de Robespierre. Ils avertirent Barbaroux qu’il fallait décider les Marseillais à quitter leur caserne, trop éloignée, pour s’établir aux Cordeliers. Placés là, tout près du Pont-Neuf, ils étaient bien plus à même d’agir sur les Tuileries, de prendre l’avant-garde du mouvement, de lui donner un élan, une impulsion résolue, que les bandes peu disciplinées des faubourgs n’avaient nullement. L’avantage était visible pour le succès de l’affaire. Seulement il y avait ceci à considérer : Danton régnait aux Cordeliers ; allait-il être le moteur essentiel, l’agent principal ? Ce fut sans doute une inquiétude pour Robespierre. Il sortit de sa réserve et fit prier Barbaroux et Rebecqui de passer chez lui.

La chambre de Robespierre, ornée par Mme Duplay, était une vraie chapelle, qui reproduisait sur les murs, sur les meubles, l’image d’un seul et unique dieu, Robespierre, toujours Robespierre. Peint à droite sur la muraille, à gauche il était gravé. Son buste était au fond, son bas-relief vis-à-vis. De plus, il y avait sur les tables, en gravures, une demi-douzaine de petits Robespierre. De quelque côté