Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/566

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’ordre de délivrer les cartouches aux Marseillais.

La cour ne s’endormait pas. Dans la nuit du 4 au 5, elle fit silencieusement venir de Courbevoie aux Tuileries les fidèles et redoutables bataillons des Suisses. On en avait envoyé quelques compagnies à Gaillon, où le roi devait chercher un asile.

Ce bruit de fuite remplissait tout Paris, le lundi 6. Les fédérés disaient qu’ils voulaient cerner le château. Ils n’étaient que cinq ou six mille. Mais la section des Quinze-Vingts déclara qu’elle aussi elle marcherait aux Tuileries. Tout ce qui lui manquait pour cela, c’était son chef ordinaire. Santerre avait été consigné chez lui par le commandant de la garde nationale ; il en profita, et tel fut son respect pour la discipline qu’il garda à la lettre la consigne, dans ce jour qui semblait devoir être celui du combat.

Il était impossible de voir ce que voulait l’Assemblée. Le 6, elle accueillit une pétition foudroyante des fédérés, qui la menaçait elle-même ; elle admit les pétitionnaires aux honneurs de la séance. Le 8, elle déclara qu’il n’y avait point lieu à l’accusation de La Fayette. Le rapport de Jean Debry, le violent commentaire qu’y joignit Brissot, ne servirent de rien. La démarche, certainement illégale, audacieuse, du général près de l’Assemblée, ce précédent qui contenait en puissance le 18 brumaire, fut innocentée. Quatre cent six voix contre deux cent vingt-quatre en jugèrent ainsi. Ce qui les excuse un peu, c’est peut-être la tentation naturelle de résistance que donnaient aux députés les cris, les menaces dont