froideur qu’il affectait ; il prit le roi à part et lui offrit de faire évader les trois gardes du corps, en les déguisant en gardes nationaux. L’offre était aussi d’un bon citoyen, d’un excellent patriote ; c’était, certes, aimer le peuple que de lui épargner un crime, c’était sauver l’honneur de la France. La reine n’accepta pas cette offre, soit qu’elle ne voulût rien devoir à Pétion, soit qu’elle eût l’idée insensée (Valory n’hésite pas à le dire) que Pétion ne voulait les éloigner que pour les faire assassiner plus sûrement, loin de la présence du roi qui les protégeait !
Le lendemain, 25 juin, c’était le dernier jour, le jour terrible où il fallait affronter Paris. Barnave se plaça au fond, entre le roi et la reine, pour la rassurer sans doute, et aussi pour mieux partager le péril ; si un furieux eût tiré, ç’aurait été là. Des précautions étaient prises, il est vrai, autant que la situation le permettait. Un militaire distingué, M. Mathieu Dumas, chargé par La Fayette de protéger le retour, avait entouré la voiture d’une forte troupe de grenadiers, dont les grands bonnets à poil couvraient presque les portières ; des grenadiers furent assis sur une sorte de siège inférieur établi sous le siège de la voiture où étaient les gardes du corps ; ils se chargèrent de les protéger et y réussirent ; d’autres grenadiers enfin furent placés sur les chevaux. La chaleur était excessive, la voiture se traînait dans un nuage de poussière, on ne pouvait respirer ; il semblait que l’air manquât en approchant de Paris ; la reine plusieurs fois cria qu’elle étouffait.