Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/124

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la place de Grève. Un voleur qu’on exposait, et qui sans doute était ivre, s’avisa de crier : « Vive le Roi ! Vivent les Prussiens ! et Mort à la nation ! » Il fut à l’instant arraché du pilori, il allait être mis en pièces. Le procureur de la Commune, Manuel, se précipita, le reprit des mains du peuple, le sauva dans l’Hôtel de Ville. Mais il était lui-même dans un extrême péril ; il lui fallut promettre qu’un jury populaire jugerait le coupable. Ce jury prononça la mort. L’autorité tint cette sentence pour bonne et valable ; elle fut exécutée ; l’homme périt le lendemain.

Ainsi tout marchait au massacre. Le même jour, 1er septembre, un gendarme apporta à la Commune une montre d’or qu’il avait prise au 10 août, demandant ce qu’il devait en faire. Le secrétaire Tallien lui dit qu’il devait la garder. Grand encouragement au meurtre. Plusieurs furent bien tentés de conclure de ce précédent que les dépouilles des grands seigneurs, des riches qui étaient à l’Abbaye appartiendraient à ceux qui pourraient délivrer la nation de ces ennemis publics.

La séance du conseil général de la Commune fut suspendue jusqu’à cinq heures du soir. L’Assemblée, très effrayée de l’événement que tout le monde voyait venir pour le lendemain dimanche, essaya, dans cet intervalle, un dernier moyen de le prévenir. Elle tâcha d’apaiser la Commune, rapporta le décret qui prescrivait à ses membres de justifier des pouvoirs qu’ils avaient reçus le 10 août.

« Ce n’est pas tout, dit un membre de l’Assemblée,