Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/13

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

lace, mais véritablement par le peuple, je veux dire par une masse mêlée d’hommes de toute classe ; militaires et non militaires, ouvriers et bourgeois, Parisiens et provinciaux. Plusieurs quartiers de Paris envoyèrent, sans exception, tout ce qu’ils avaient d’hommes qui pussent combattre ; dans la section des Minimes, par exemple, sur mille hommes inscrits, six cents se présentèrent, proportion considérable, lorsqu’on savait très bien qu’il s’agissait non de parade, mais d’une affaire sérieuse. Les hommes à piques composaient à peu près seuls les premières bandes qui parurent de bonne heure devant le château ; mais l’armée réelle de l’insurrection, qui s’en empara, en avait peu en comparaison : elle était surtout armée de fusils. Sa colonne principale, qui, entre sept ou huit heures, se rassembla, s’échelonna de la Bastille à la Grève, comptait quatre-vingts ou cent compagnies, chacune de cent hommes armés régulièrement ; c’étaient environ huit ou dix mille gardes nationaux. Il y avait deux ou trois mille hommes armés de piques, alignés entre les bataillons de ces dix mille baïonnettes. C’est ce que nous ont affirmé les témoins et acteurs encore vivants du 10 août. Pour l’avant-garde qui affronta le premier péril, força l’entrée du château, fit enfin la très rude et périlleuse exécution, elle se composait, on le sait, de cinq cents fédérés marseillais, levés et choisis avec soin parmi d’anciens militaires, de trois cents fédérés bretons, l’honneur et la bravoure même, dont beaucoup avaient servi. Et ce qu’on n’a dit