Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/137

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que la briser, c’était briser le 10 août. Mais, d’autre part, il n’en avait pas moins résisté avec une extrême véhémence aux injonctions insolentes que la Commune osait faire à l’Assemblée. Sa conduite, en tout ceci, semble avoir été l’expression hardie de la pensée plus contenue du politique Danton. Celui-ci, dans ses discours, dans ses circulaires, fondait l’espoir de la patrie sur l’accord de l’Assemblée et de la Commune. C’est lui, nous n’en doutons pas, qui chercha un expédient pour rétablir cet accord et qui le fit proposer à l’Assemblée par Thuriot.

La proposition était celle-ci : « Porter à trois cents membres le conseil général de la Commune, de manière à pouvoir maintenir les anciens, créés le 10 août, et recevoir les nouveaux, élus en ce moment même par les sections qui obéissaient aux décrets de l’Assemblée. »

Cette proposition avait deux aspects tout à fait contraires.

D’une part, elle avait l’effet révolutionnaire de constituer sur une base fixe la représentation de Paris, d’exprimer par-devant la France l’importance réelle, l’autorité de la grande cité, qui, formée elle-même de tous les éléments de la France, en est la tête et le cerveau, et qui tant de fois eut l’initiative des pensées qui la sauvèrent.

D’autre part, dans la situation, la proposition avait un effet pratique qui rendait la crise bien moins dangereuse. Elle neutralisait la Commune en l’agrandissant ; elle l’augmentait de nombre et en