Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/197

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été amené, elle l’envoya à l’Abbaye, autrement dit à la mort. Billaud-Varennes lui-même avait ouvert un avis plus doux. Les maratistes se soulevèrent et emportèrent dans le conseil cette décision atroce, qui lui faisait endosser la responsabilité des assassinats.

C’était le soir du 3 septembre (à huit ou neuf heures). De l’imprimerie de Marat partait pour toute la France, en quatre-vingt-trois paquets, une effroyable circulaire qu’il avait seul rédigée et qu’il avait signée intrépidement de tous les noms des membres du comité de surveillance. Il y dénonçait la versatilité de l’Assemblée, qui avait loué, cassé, rétabli la Commune ; il y glorifiait le massacre et recommandait de l’imiter.

Marat envoya sa circulaire au ministère de la justice, avec invitation de la faire parvenir sous le couvert du ministère. Grande épreuve pour Danton. Il n’allait pas à la Commune. Eh bien, c’était la Commune qui semblait venir à lui et qui le sommait de se décider.

La plus simple prudence imposait à tout homme qui connaissait Marat de savoir positivement si cet acte, imprimé chez lui par ses ouvriers et ses presses, émanait effectivement du comité de surveillance. Les signatures imprimées de ses membres étaient-elles des signatures vraies ? Enfin, en supposant que la circulaire émanât réellement de ce comité, pouvait-il faire un acte si grave, adresser à la France ces terribles et meurtrières paroles,