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massacré des voleurs au Châtelet, des forçats aux Bernardins, croyaient continuer leur œuvre. On leur remontrait en vain que l’énorme, l’immense château de Bicêtre, qui contenait des milliers d’hommes, logeait, outre les criminels, un grand nombre d’innocents, de bons pauvres, de vieillards, de malades de toutes sortes. Il y avait aussi en réclusion, sous divers titres, des infortunés depuis longtemps jetés là par l’arbitraire de l’Ancien-Régime, comme fous ou autrement, et qu’on n’élargissait point, justement parce qu’on ne savait plus pourquoi ils étaient entrés. Latude y avait été longtemps. C’est de Bicêtre qu’il sortit par l’héroïsme de Mme  Legros (voir notre premier volume).

Il est impossible de dire ce que souffraient, à Bicêtre, les prisonniers, les malades, les mendiants : couchés jusqu’à sept dans un lit, mangés de vermine, nourris de pain de son moisi, entassés dans des lieux humides, souvent dans des caves, au moindre prétexte éreintés de coups, ils enviaient le bagne comme un paradis.

Nulle occasion de battre n’était négligée à Bicêtre. Qui croirait qu’on y conservât en 1792 l’usage barbare de fouetter les jeunes gens qui venaient se faire soigner de maladies vénériennes ?… Cruauté ecclésiastique, renouvelée du Moyen-âge. Le pécheur, en arrivant, devait expier, se dépouiller, s’humilier, se soumettre au châtiment puéril qui avilit l’homme, lui ôte toute fierté d’homme.

Une cinquantaine d’enfants étaient à la Correction