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nouveau coup de terreur, non plus pour sauver la France (comme ils avaient tant répété), mais pour se sauver eux-mêmes. Le 7, le conseil général, pressé de nouveau, avait été obligé de nommer une commission pour examiner les plaintes qu’on faisait contre Panis. La malédiction publique commençait à peser lourdement sur la tête de ces hommes, et, dans leur effroi, ils se ralliaient de plus en plus à Marat, à l’idée d’extermination.

Dans le changement universel des esprits, il y avait un homme qui ne changeait point. Marat seul montrait une remarquable constance d’opinion ; les principes chez lui passaient avant tout, je veux dire un seul principe, et très simple : massacrer. Non content des prisonniers envoyés aux prisons pendant l’exécution même, il continuait de les peupler, dans l’espoir qu’un jour ou l’autre on les viderait en une fois. Il affichait tous les jours que le salut public voulait qu’on massacrât au plus vite l’Assemblée nationale.

Son rêve le plus doux eût été une Saint-Barthélemy générale dans toute la France. Pour lui, c’était peu de Paris[1]. Il avait obtenu que le comité de surveillance enverrait des commissaires pour aider

  1. Pétion, s’enhardissant, quelques jours après septembre, ne fit pas difficulté de dire dans le conseil général que Marat était un fou. Panis se leva indigné et dit que ce prétendu fou, véritablement, était un prophète, qu’il avait dit et fait des choses incroyables, qu’on ne pouvait retrouver que dans l’Ancien-Testament. Sommé d’expliquer ces choses, Panis dit que Marat en avait fait autant qu’Ézéchiel, qu’enfermé au fond de sa cave, « il était resté, comme le prophète biblique, six semaines sur une fesse sans se retourner ».