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chantes de Duport dans son discours contre la peine de mort : « Rendons l’homme respectable à l’homme. »

Tout cela était déjà oublié. Et il y avait à peine un an, tellement, de 1791 à 1792, le temps avait marché vite ! Mais Danton se souvenait. Il voulait sauver Duport à tout prix.

Danton pouvait bien avoir aussi quelque raison personnelle de craindre qu’un homme qui savait tant de choses ne fut jugé, interrogé, qu’il ne fit sa confession publique. Dans la primitive organisation des Jacobins, et plus tard, peut-être même dans quelqu’une de ses intrigues avec la cour, Duport avait très probablement employé Danton. Intérêt ? générosité ? ces deux motifs, plutôt ensemble, lui faisaient désirer passionnément de sauver Duport.

Celui-ci était justement un de ceux que le comité de surveillance avait eu soin de faire chercher, au moment des visites domiciliaires, dès le 28 août. Il n’était pourtant nullement compromis pour les derniers événements. Il y avait six mois et plus que la cour ne se servait plus de Duport ni des constitutionnels ; elle ne daignait plus les tromper ; elle ne mettait plus d’espoir que dans l’appui de l’étranger. Duport, resté à Paris, dans sa maison du Marais, ne se mêlait plus de rien que de remplir ses fonctions comme président du tribunal criminel ; c’était un magistrat, un bourgeois inoffensif, un garde national ; il avait monté sa garde la nuit du 10 août, était resté à son poste et n’avait point