Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/237

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reçussent ce coup sans répondre par un crime, par quelque nouvelle tentative de massacre. Ces craintes furent augmentées plutôt que diminuées, lorsque, le 19, le conseil général déclara qu’il était prêt à mourir pour la sûreté publique. Le même jour, l’Assemblée, dans une adresse, proclama, pour l’effroi de la France, le bruit qui courait : qu’au jour où l’Assemblée cesserait ses fonctions, les représentants du peuple seraient massacrés. Elle sanctionna des mesures de sûreté pour la ville de Paris, spécialement cette fédération de défense mutuelle dont la section de l’Abbaye avait donné l’exemple, et l’obligation pour tous les citoyens de porter toujours sur eux une carte de sûreté.

Avec toutes ces précautions, personne n’était rassuré. Personne ne se persuadait que la France franchît sans quelque nouveau choc affreux ce redoutable passage de la Législative à la Convention. Ceux qui, pour se maintenir, avaient saisi une fois le poignard du 2 septembre, hésiteraient-ils à le reprendre ? On ne le pensait nullement. Un grand nombre de députés croyaient avoir très peu à vivre. La plupart pensaient du moins qu’un nouveau massacre des prisons était imminent. Vergniaud trouva dans cette attente, effrayante pour les cœurs vulgaires, une inspiration sublime, une parole sacrée que répéteront les siècles.

D’autres ont usurpé ce mot, qui n’avaient pas droit de le dire. Ils ont dit, d’après Vergniaud : « Périsse ma mémoire pour le salut de la France ! »