Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/241

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pelaient celles des anciennes communes de France ou des municipes italiens, qui s’assemblaient dans les églises. La cloche, ce grand instrument populaire dont le clergé s’est donné le monopole, était redevenue ce qu’elle fut alors, la grande voix de la cité, — l’appel au peuple. Les églises du Moyen-âge avaient parfois reçu les foires, les réunions commerciales. En 1792, elles offrirent un spectacle analogue (mais moins mercantile, plus touchant), les réunions d’industrie patriotique, qui travaillaient pour le salut commun. On y avait rassemblé des milliers de femmes pour préparer les tentes, les habits, les équipements militaires. Elles travaillaient et elles étaient heureuses, sentant que, dans ce travail, elles couvraient, habillaient leurs pères ou leurs fils. À l’entrée de cette rude campagne d’hiver qui se préparait pour tant d’hommes jusque-là fixés au foyer, elles réchauffaient d’avance ce pauvre abri du soldat de leur souffle et de leur cœur.

Près de ces ateliers de femmes, les églises mêmes offraient des scènes mystérieuses et terribles, de nombreuses exhumations. Il avait été décidé qu’on emploierait pour l’armée le cuivre et le plomb des cercueils. — Pourquoi non ? Et comment a-t-on si cruellement injurié les hommes de 1792, pour ce remuement des tombeaux ? Quoi donc ! la France des vivants, si près de périr, n’avait pas droit de demander secours à la France des morts et d’en obtenir des armes ? S’il faut, pour juger un tel