Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/250

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nos femmes, voilà ce qu’il en a coûté. — Le fameux duc de Brunswick s’en va, sans se retourner…

Dieu nous garde d’insulter la Prusse du grand Frédéric ! ni ces excellents soldats qu’on amenait à la mort !… La mauvaise conscience de leurs chefs, l’hésitation naturelle au politique immoral qui suit l’intérêt jour par jour, voilà ce qui perdit ces pauvres Allemands et les rendit ridicules. Disons-le aussi, leur bonhomie excessive, leur douceur, leur patience à suivre leurs indignes rois.

Les deux voleurs, le Prussien et l’Autrichien, n’agissaient nullement d’accord. Le Prussien, sollicité dès longtemps de traiter à part, était par cela même suspect à son camarade. L’Autrichien, qui se portait comme parent de la reine de France, n’en avait pas moins la pensée secrète de faire son petit vol à part, de se garnir les mains, vers l’Alsace ou les Pays-Bas, de profiter de la misère de Louis XVI qu’il venait délivrer, pour le dépouiller lui-même.

Avec ces bonnes pensées et ces vues secrètes, ils se gardèrent bien de donner à Monsieur le titre de régent de France, qui eût groupé autour de lui tous les royalistes, donné une énergie nouvelle à l’armée des émigrés. Ils ne voulaient nullement réussir par les Français. Ils voulaient avoir du succès et craignaient d’en avoir trop. Ils voulaient, ne voulaient pas.

S’il se trouvait dans l’armée des émigrés quelque officier intelligent, intrépide, comme M. de Bouillé, on se garda de l’employer ; on le tint sur les der-