mont, qui leur défendait tout à la fois l’industrie et le commerce, avaient depuis longtemps coutume d’aller chercher leur vie en France. Et cette fois, c’était la France qui venait les voir, s’asseoir à leur foyer ; elle venait à eux, les mains pleines des dons de Dieu, les apportant tous en un seul, le trésor de la liberté. Sauvés par elle du Pharaon barbare, ils entonnèrent, comme Israël, un cantique de délivrance. Soixante mille Savoyards à la fois, d’accord avec l’armée française, chantèrent la Marseillaise dans une inexprimable dévotion. Et quand ces pauvres gens arrivèrent au passage : Liberté chérie ! il se fit un grand bruit, comme d’une avalanche : une avalanche d’hommes par-devant les Alpes ! Touchant spectacle ! tout ce peuple était tombé à genoux ; il achevait ainsi le cantique, et la terre était inondée de pleurs.
Même facilité sur le Rhin, sauf un petit combat à Spire. Le général Custine avait ordre d’agir sur la Moselle, et il eût ainsi assuré la déroute des Prussiens. Mais les Allemands eux-mêmes vinrent le chercher et le menèrent au Rhin. Maître de Spire, dont il força les portes, il fut appelé à Worms ; un professeur de cette ville y mit l’armée française, et il écrivit, au nom de Custine, au nom de la France, l’appel de l’Allemagne à la liberté. Ce n’était pas la première fois que la France lui parlait ainsi. Au seizième siècle, mêmes proclamations, par le roi Henri II, ornées, comme en 1792, du bonnet de la liberté. Ces ardents patriotes allemands, qui