Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/299

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Révolution. Fonctionnaire à traitement fixe et suffisant pour la famille, il eût trouvé bientôt, dans le progrès naturel du nouvel ordre de choses, son affranchissement véritable, la faculté de faire du concubinat un mariage. La gouvernante n’en était pas indigne[1]. Malheureusement, quel que soit son mérite, elle est généralement plus âgée que le prêtre, ou de figure laide et vulgaire. Fût-elle jeune et belle, le cœur du prêtre ne lui resterait pas. Son cœur, qu’on le sache bien, n’est pas au presbytère ; il est au confessionnal[2]. La gouvernante est sa vie quotidienne et vulgaire, sa prose. La pénitente est sa poésie ; c’est avec elle qu’il a ses rapports de cœur, intimes et profonds.

Et ces rapports ne sont nulle part plus forts que dans l’Ouest.

Sur nos frontières du Nord, dans toutes ces contrées de passage où vont et viennent les troupes, et qui respirent un souffle de guerre, l’idéal de la femme, c’est le militaire, l’officier. L’épaulette est presque invincible.

  1. Elle était et elle est généralement honnête et économe, elle prend le ménage à cœur, remplit les devoirs d’épouse et au delà. Nous en avons connu qui n’acceptaient aucun salaire, bien plus, qui surveillaient leur maître, l’éloignaient des excès de table et autres, le suivaient jusque dans l’église, et, du pied de l’autel, observaient s’il s’acquittait de son saint ministère.
  2. Cette religion née du cœur de la femme (ce fut le charme de son berceau), va, en sa décadence, s’absorbant dans la femme. Ses docteurs sont insatiables dans les recherches sur le mystère du sexe. Cette année même (1849), quelle matière le concile de Paris a-t-il fouillée, approfondie ? Une seule, la Conception. — Ne cherchez point le prêtre dans les sciences ou les lettres ; il est au confessionnal, et il s’y est perdu. Que voulez-vous que