Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/352

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semblée subsistât si les représentants périssaient à Paris. Il annonçait de plus que Marseille envoyait deux cents cavaliers, huit cents fantassins, tous jeunes gens aisés, à chacun desquels leurs pères avaient donné, outre les chevaux et les armes, un assignat de cinq cents livres. Quoi de plus dangereux qu’une double Assemblée ! Quelle occasion de guerre civile ! D’autre part, rien de plus irritant pour Paris que l’annonce d’un tel corps aristocratique, envoyé par Marseille pour contenir les Parisiens.

Dès l’ouverture de la séance, le Girondin Lasource avait dit durement qu’il fallait réduire Paris à l’état d’un département, à n’avoir que son quatre-vingt-troisième d’influence.

Visiblement ces représentants du Midi ignoraient tous le véritable organisme de la France, le rôle que joue le principal organe dans notre physiologie nationale. La grande ville est le point électrique où tous viennent sans cesse reprendre l’étincelle, s’électriser et s’aimanter. La France doit passer là, y repasser sans cesse ; et chaque fois qu’elle sort de cet heureux contact, loin de changer, elle devient elle-même de plus en plus, entre dans la vérité complète de sa nature, devient plus France encore.

Un seul député du Midi se tint sur une ligne fixe et ferme, libre des deux partis, ce fut Cambon. Il déclara, au nom des Méridionaux, que tous voulaient l’unité de la République ; que si l’esprit de fédéralisme, d’isolement, d’égoïsme, se trouvait quelque part, c’était dans la tyrannie de la Commune de