Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/357

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qu’il nommât un bon citoyen, juste et ferme, mais qu’on lui mît en quelque sorte un boulet aux pieds, qu’il n’eût d’autorité que pour abattre des têtes… (Murmures.) Si vous n’êtes pas encore à la hauteur de m’entendre, tant pis pour vous… »

Puis, après avoir ainsi naïvement fait comprendre, dans sa vanité incroyable, qu’il voulait un dictateur et pour dictateur Marat, l’étrange candidat, se recommandant à l’admiration des tribunes, montra sa casquette crasseuse, ouvrit ses sales vêtements : « M’accuserez-vous d’ambition ? Voyez-moi et jugez-moi… »

Remarquant pourtant l’horreur de la Convention et craignant le vote, il soutint que le numéro paru le 22 avait été écrit dix jours auparavant, avait paru en affiche, et que c’était par erreur qu’on l’avait réimprimé. « Lisez, dit-il, mon premier numéro du Républicain, vous y verrez l’hommage que je rends à la Convention pour ses premiers travaux, vous y trouverez la preuve que je veux marcher avec vous, avec les amis de la patrie. »

Ce numéro, dont on fit lecture, ne contenait rien de tel. Marat y accusait cruellement, en promettant de ne plus accuser… Il y avait, entre autres choses : « J’étoufferai mon indignation, en voyant les menées des traîtres… j’entendrai sans fureur le récit des vieillards et des enfants, égorgés par de lâches assassins », etc. Cette déclamation sanglante commençait ridiculement par une apostrophe copiée de la Marseillaise : Amour sacré de la patrie ! avec