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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/380

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Et pourquoi étaient-elles dans la main, dans la tête du seul Danton ? Parce que la Gironde, après comme avant le 10 août, s’était trouvée absolument impropre à ces choses. Elle était propre à la presse, aux discours, et rien de plus. Au moment difficile, unique, où il fallait agir ou périr, où une minute pouvait perdre tout, elle tergiversa et délibéra. Danton prit le gouvernail.

La première affaire où Danton fut, sans nul doute, forcé de prodiguer l’argent, ce fut l’immense conspiration royaliste de Bretagne et du Midi. Un hasard heureux la lui révéla avant le 10 août.

Il était aimé de beaucoup d’individus de toutes sortes, comme bon enfant, bon vivant, facile et pourtant très sûr, quand on se confiait à lui. En juillet, un jeune médecin de Bretagne, nommé Latouche, vient le trouver et le prie de recevoir un grand secret qui lui pèse. Un certain La Rouërie, qu’il avait guéri d’une maladie, lui a fait passer à Paris une masse de faux assignats pour les convertir en or, et, pour rapporter cet or, a envoyé son neveu. Ce neveu, un étourdi, a cru Latouche affilié à la grande conspiration, lui en a dit tous les détails, lui en a révélé l’immense étendue. Le médecin n’est pas un traître, mais enfin il voit un abîme qui se creuse sous la France ; il n’a pu ni taire cet affreux secret, ni le dénoncer. Danton, sans perdre une minute, court au comité de sûreté générale : c’était en juillet, c’était sous la Législative ; ce comité était composé de Girondins. Ils sont effrayés,