Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/383

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des plus dangereuses relations qu’ils avaient ici.

Un autre Latouche, un aventurier royaliste, Laligant-Morillon, livrait à ce même moment les secrets de Coblentz, les rapports des émigrés avec les royalistes du Midi. On l’y envoya lui-même ; il surprit, saisit, mit dans la main du gouvernement une association immense dont les ramifications s’étendaient sur quatre-vingts lieues de pays. Déjà on avait nommé pour les princes un gouverneur du Languedoc et des Cévennes, qui s’était établi dans le château de Jalès. Il y fut surpris, massacré.

Ces actes secrets de salut public furent directement accomplis par Danton, comme ministre, ou sous sa puissante influence, lorsqu’il fit déléguer le ministère à un autre. Lui seul, des hommes du temps, avait les qualités requises pour ces choses, la dextérité et la brûlante énergie ; lui seul, qu’on l’en loue, qu’on l’en blâme, eut la force de séduction rapide, infaillible, pour créer des intelligences dans le parti ennemi, pour amener à la trahison des hommes qui autrement n’auraient point trahi. Ni Latouche ni Morillon n’étaient de la classe ordinaire des traîtres et des espions ; Latouche était patriote, Morillon était humain. Il fallait pour les entraîner le tourbillon magnétique dans lequel ce génie puissant (la Révolution incarnée) emportait alors tout le monde, les amis, les ennemis. Il donnait sans marchander, il comblait les hommes et les étouffait dans l’or ; mais c’était là encore sa moindre séduction, il prodiguait surtout son élo-