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le plus sûr, c’est que Danton bien souvent n’en avait pas d’autres. Un jour, quelqu’un lui reprochant d’envoyer de pareils agents : « Eh ! que voulez-vous que j’envoie ? répliqua-t-il violemment, serait-ce des demoiselles ? »

C’est par des moyens analogues et de tels agents que Danton négocia la grande et délicate affaire de l’évacuation du territoire. Rien n’indique qu’il ait acheté la retraite des Prussiens. Il est pourtant très probable que les agents inférieurs qui se mêlèrent de l’affaire ne le firent point gratuitement. Ceux que Danton employa, Westermann, Fabre d’Églantine, dont nous parlerons plus tard, étaient des hommes de plaisir, de dépense, et qui, par là, étaient portés à se faire part en toute affaire où l’argent jouait un rôle.

L’association bretonne avait été paralysée par l’idée que Danton était pour elle, par l’espoir qu’il agirait pour elle. Et, de même, les Prussiens se plurent à croire qu’ayant en tête deux hommes douteux et prêts à tourner, Dumouriez, Danton, ils n’avaient que faire d’insister dans cette dangereuse lutte contre tout un peuple en armes.

Mais autant l’affaire de Bretagne était obscure et secrète, autant celle de Champagne était observée de tous. La difficulté, le danger était extrême, à communiquer avec l’ennemi, pour le faire partir sans combat. La ruse était antipathique à l’orgueil national, porté au comble par le succès inespéré de Valmy. La France voulait se battre. La presse