Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/387

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vrai parti prussien ; ils étaient d’intelligence avec la maîtresse du roi, la comtesse de Lichtenau ; ils lui apportaient ses lettres, des lettres trempées de larmes. Elle s’était avancée jusqu’aux eaux de Spa, et là, plaintive, dolente, elle rappelait son royal amant ; elle craignait les boulets français, elle craignait non moins les Françaises ; le cœur du roi était mobile, il y avait à parier que, s’il avançait en France, le conquérant serait conquis.

Le mauvais succès de Valmy fut un triomphe pour les conseillers pacifiques du roi de Prusse. Brunswick se joignit à eux. Ils rappelèrent au roi qu’ils l’avaient toujours averti de la difficulté des choses, lui prouvèrent respectueusement qu’il faisait un métier de dupe, en travaillant pour l’Autriche, qui, dans une telle affaire, toute personnelle pour elle, l’assistait si peu, si mal. Les émigrés l’avaient trompé ; il leur devait peu d’égards. — « Oui, mais la cause des rois, la liberté de Louis XVI ? N’était-ce pas là une affaire d’honneur, que le roi, sans la dernière honte, ne pouvait abandonner ? »

Le roi de Prusse avait près de lui deux Français, Lombard, son secrétaire, et le général Heymann, qui tout récemment venait d’émigrer et de se faire Prussien. Ils ne furent point embarrassés de l’objection ; ils se firent fort de sauver l’honneur du roi, en obtenant que Louis XVI recouvrât et sa liberté et sa royauté constitutionnelle. Lombard demanda seulement au roi la permission de se faire prendre par les Français, pour négocier avec eux. Dumouriez,