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ment, de l’homme, et non du monarque. Il demanda comment il était traité au Temple. Danton recueillit avec soin, fit porter par Westermann tous les arrêtés de la Commune qui pouvaient faire croire que le captif était entouré de quelques bons traitements. Si l’on en croit les Prussiens, intéressés, il est vrai, à couvrir un peu l’honneur de leur roi, il ne se serait retiré que sur la parole que lui auraient donnée Danton et Dumouriez de sauver à tout prix la tête de Louis XVI.

Le 29 septembre, l’armée prussienne commença à rétrograder et fit une lieue ; une lieue encore le 30, et autant les jours suivants. Plusieurs fois, les nôtres, mal instruits de l’arrangement, inquiétaient les Prussiens ou les devançaient. Les commissaires de la Convention les rappelaient en arrière. Ils reçurent paisiblement Verdun, puis Longwy. L’ennemi repassa la frontière et doubla le pas vers Coblentz, au bruit des pas de Custine.

Déjà une partie de l’armée française avait tourné de l’Est au Nord et, malgré la saison, s’acheminait vers la Belgique. Le 12 octobre, Dumouriez, libre enfin, court à Paris, sous prétexte de préparer l’invasion, de faire accepter ses plans, en réalité pour voir de près la situation, tâter les partis et savoir d’où vient le vent. Il y trouva tout le monde plus attentif à ses projets, plus éclairé peut-être sur ses intentions qu’il ne l’eût voulu lui-même. Il alla voir Madame Roland dans ce même hôtel du ministère de l’intérieur dont il avait, peu de mois auparavant,