Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/42

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tatée par le procès-verbal de l’Assemblée, ce fut après que le roi eut entendu le rapport du procureur général Rœderer annonçant à l’Assemblée que le château était forcé, ce fut alors, et même après une vive terreur panique répandue dans l’Assemblée, que le roi avertit le président qu’il venait de faire donner ordre aux Suisses de ne point tirer.

Ceci éclaircit la question qu’on a essayé d’obscurcir. Le roi voulut éviter une plus longue effusion du sang, lorsqu’il sut que le château était forcé, lorsqu’il n’eut plus d’espoir. Cet ordre pouvait avoir le double avantage de diminuer l’exaspération des vainqueurs et de couvrir l’honneur des vaincus, de sorte que ceux-ci pussent dire, comme ils n’ont pas manqué de le faire, que l’ordre du roi avait pu seul leur arracher la victoire.

À cette heure, le château était forcé ; les Suisses, qui avaient défendu pied à pied l’escalier, la chapelle, les galeries, étaient partout enfoncés, poursuivis, mis à mort. Les plus heureux étaient les gentilshommes qui, maîtres de la grande galerie du Louvre, avaient toujours une issue prête pour échapper. Ils s’y jetèrent et trouvèrent à l’extrémité l’escalier de Catherine de Médicis, qui les mit dans un lieu désert. Tous ou presque tous échappèrent ; on n’en vit point parmi les morts. Les corps qui portaient du linge fin portaient aussi l’habit rouge ; c’étaient les faux Suisses, anciens gardes constitutionnels, et non pas les gentilshommes.

Les habits rouges étaient fort nombreux, bien