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et dans ces redoutes étaient les grenadiers de Hongrie. Ces redoutes et les deux villages formaient à droite et à gauche comme autant de citadelles qu’il fallait d’abord emporter. Les pentes du centre, occupées par un bois, étaient coupées, palissadées d’abatis. Si nos soldats emportaient les abatis, les villages et les redoutes, ils trouvaient encore derrière dix-neuf mille excellents soldats ; c’était peu comme armée, sans doute, mais beaucoup comme garnison de cette grande forteresse naturelle. Elle paraissait si sûre que les quelques mille soldats que le duc de Saxe avait de plus furent laissés pour garder Mons. La grande supériorité de nombre qu’avait Dumouriez lui servait fort peu, parce qu’on ne pouvait approcher des lignes autrichiennes que par des passages étroits qui ne permettaient pas de se déployer. On ne pouvait généralement attaquer que par colonnes. La vaillance des têtes de colonnes devait seule décider l’affaire. L’attaque des maisons crénelées, l’escalade des retranchements, l’enlèvement des batteries, exigeaient une exécution terrible, d’homme à homme et de main à main.

La position n’était pas sans analogie avec celle de Waterloo : comme l’Anglais à Waterloo, l’Autrichien avait à Jemmapes une grande ville derrière lui, d’où il tirait ce qu’il voulait. Mais combien le rude escarpement de Jemmapes, franchi par l’armée de la République, offrait plus de difficultés naturelles, artificielles, que le petit raidillon où vint se briser l’Empire !