Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/448

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par la vente des biens ecclésiastiques. Traiter avec le clergé, c’était le reconnaître et le garantir comme propriétaire ; c’était lui promettre implicitement qu’on ne toucherait point aux abus, c’était couper d’avance la racine même de la Révolution, au moment où on la plantait.

Dumouriez eut beau faire, il n’obtint pas la confiance en Belgique, et il la perdit en France.

Il pria la Belgique de devenir un peuple. Mais ce monstre à cent têtes ne put même comprendre ; les cent têtes entendirent tout diversement et tout de travers. Le monstre resta et voulut rester monstre.

Dumouriez les pria de lever une armée nationale pour balancer la nôtre. Chaque ville eut sa troupe ; il n’y eut point d’armée.

Il leur fallait aussi, pour obtenir quelque unité, une organisation judiciaire analogue, harmonique. Chaque ville garda ses tribunaux, sans relations et sans hiérarchie.

Dumouriez les pressait de faire une Convention belge, contre la Convention française. Bruxelles, en attendant, et dans les cas d’urgence, donnait les décisions de ses représentants pour celles du pays. Toutes les villes furent contre Bruxelles. On indiqua pour centre de réunion Alost, et les élections commencèrent, toutes détestables et rétrogrades. Le premier usage qu’ils faisaient de la liberté reconquise était de tuer la liberté.

Il n’y eut jamais exemple d’un tel aveuglement. Ce peuple, à qui la France apportait pour premier