en présence des embarras infinis de la circonstance, Cambon, obligé d’y faire face par des ventes rapides, semble le grand huissier de la Révolution. Il vend, reçoit, absorbe, occupé jour et nuit de garder et d’emplir l’armoire de fer, qui ne s’emplit jamais. Couché dessus, le dogue manifeste, par de sourds grondements, la faim, la soif du fisc. La Convention, de moment en moment, lui jette à ronger un décret. Dans la terreur universelle, en plein 1793, tout comme auparavant, il est lui-même un objet de terreur. Rarement on ose lui lancer quelque attaque oblique et timide, jamais impunément. Il mord une fois Brissot, l’autre fois Robespierre. Qui est mordu en meurt. Lui, on ne peut l’atteindre ; il représente la chose que tous craignent et qui ne craint rien ; quelle ? La nécessité.
Les quinze cents millions de biens vendus en 1791 semblèrent n’avoir fait qu’augmenter cette faim. Cinq cents millions furent arrachés de plus dans les premiers mois de 1792, et Cambon avait toujours faim. Il insista alors pour qu’on vendît la partie des biens ecclésiastiques réservés jusque-là, les édifices mêmes, les églises et couvents. Proposition audacieuse ; nous en verrons les résultats.
La difficulté était plus grande encore d’amener nos assemblées à vendre les biens des émigrés. La Législative avait témoigné une horreur véritable pour la confiscation. La Convention ferait-elle de même ?… Au moment de l’invasion, les émigrés entrant en armes, Cambon ne manqua pas son coup. Une députa-