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divisée. Plusieurs des Girondins, ardents, violents, autant que purs, croyaient le roi digne de mort. Plusieurs, en le croyant coupable, avaient horreur de le tuer ; ils tenaient compte de la fatalité de la situation[1], des entraînements et de la faiblesse du caractère, du bigotisme même d’un serf des prêtres, des scrupules religieux. Avec cette diversité de points de vue, l’attaque pouvait être vive, mais non pas franche ; elle devait se sentir de la discorde intérieure du parti.

Le 6 novembre, le jour même de la bataille de Jemmapes, le Girondin Valazé fît un premier rapport sur la mise en accusation du roi, rapport déclamatoire et vague, et pourtant violent, où, dépassant le but actuel et le titre du rapport, il s’enquérait déjà de la peine et posait en principe qu’il en fallait une autre que la déchéance ; il n’osait dire : la mort.

La Montagne, dès le lendemain, lança aussi son rapport, celui-ci moins vague, plus sincèrement violent. Le Jacobin Mailhe, au nom du comité de législation, examinait cette question : « Est-il jugeable ? et par qui ? — Par la Convention seule. » Il mettait à néant la chimère de l’inviolabilité.

L’émulation était visible entre les deux partis. On voyait trop que cet homme vivant n’était là

  1. Eux-mêmes l’avaient sentie, admise, cette fatalité. Au moment de sa chute, pressés de lui donner conseil, ils donnèrent dans ce piège et eurent l’imprudente générosité d’écrire au roi. Il y eut une lettre effectivement (mais fort honorable) des Girondins. J’y reviendrai.