Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/496

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vigoureuse qui lui était ordinaire. Il se contente de répondre assez vaguement ; il semble marcher sur la glace, il évite, il élude. Il ne récrimine plus contre la Gironde, comme au 25 septembre. La seule chose nette et positive dans son discours, c’est qu’il désavoue Marat plus expressément qu’il n’a fait encore : « Je déclare à la Convention et à la nation entière que je n’aime point l’individu Marat ; je dis avec franchise que j’ai fait l’expérience de son tempérament : non seulement il est volcanique et acariâtre, mais insociable… »

Au moment fatal où nous voyons faiblir, pâlir la forte tête où la patrie elle-même s’était appuyée un jour, qu’il nous soit permis d’examiner, en deux mots, si vraiment la France était forcée, par la justice et l’honneur, d’être ingrate, de renier celui à qui elle devait tant.

Toutes les accusations contre la probité de Danton reposent sur l’allégation de trois de ses ennemis.

La première seule a quelque vraisemblance. La Fayette affirme que Danton, vendant sa charge d’avocat au conseil, qui valait, dit-il, dix mille livres (chiffre trop bas, en vérité), la cour lui en fît donner cent mille. De là, l’espoir que la reine, et surtout Madame Élisabeth, auraient eu que Danton défendrait, sinon la couronne, du moins la vie de la famille royale.

La seconde accusation est celle des Roland, relativement aux fonds que Danton aurait dilapidés dans son ministère. Nous avons vu tout à l’heure les