Or, voici comment ce jugement aura lieu (nous suivons ici la pensée populaire, telle que les journaux la recueillent alors). Dans une grande plaine déserte, probablement dans la plaine Saint-Denis, toute la population sera amenée, chassée par troupeaux aux pieds des rois alliés. La terre préalablement aura été dévastée, les villes incendiées… « Car, ont dit les souverains, les déserts valent mieux que les peuples révoltés. » Peu leur importe s’il restera un royaume à Louis XVI, s’il vit ou s’il meurt ; son péril ne les arrêtera pas. Là donc, par-devant ces vainqueurs impitoyables, un triage se fera des bons, des mauvais, les uns à la droite, les autres à la gauche… Quels mauvais ? Les révolutionnaires sans doute, ils périront d’abord ; on les guillotinera. Les rois appliqueront à la Révolution le supplice qu’elle a inventé… « Déjà, au fond de leurs hôtels, au sein de leurs orgies secrètes, les aristocrates savourent ce spectacle en espérance ; ils font mettre parmi les plats de petites guillotines pour décapiter à plaisir l’effigie des patriotes. »
Mais si ce grand jugement doit frapper tous les révolutionnaires, que restera-t-il ? Qui n’a participé de manière ou d’autre à la Révolution ?… Tous périront, et en France, et par toute la terre ; le jugement sera universel. Nul pays, c’est chose convenue entre les rois, ne servira d’asile aux proscrits. Ceux même qui déjà ont passé dans les contrées étran-
même dans les dangers publics. (Consulter notre Histoire de France, au temps de Charles VI, année 1415, t. IV, p. 230.)