Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/104

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douce, contenait la grâce. Elle était la grâce elle-même, moins l’arbitraire et le caprice ; la grâce selon Celui qui ne varie pas, selon Dieu.

Pour la première fois, en ce monde, la loi et la religion s’étaient embrassées, pénétrées et confondues.

L’Assemblée constituante usait de son droit, du droit des héros sauveurs, bienfaiteurs du genre humain, en érigeant un autel, le premier véritablement qui ait été élevé à l’humanité. Elle ordonnait que cet autel existerait dans chaque municipalité, qu’on y ferait les actes de l’état civil, qu’on y sanctifierait les trois grands actes de l’homme : naissance, mariage et mort. Le premier croyant qui apporta son enfant à cet autel fut Camille Desmoulins. Hélas ! l’autel n’existait pas. Il n’a point été bâti.

S’il exista, c’est dans les lois. On ne peut lire sans attendrissement ces lois humaines et généreuses, tout empreintes de l’amour des hommes. On touche encore avec respect les procès-verbaux des grandes discussions qui les préparèrent. Si l’on ose leur faire un reproche, c’est qu’elles sont confiantes à l’excès, qu’elles croient trop à l’excellence de la nature humaine, qu’obligées d’être des lois, de juger et réprimer, elles ne sont que trop généreuses et clémentes. Elles supprimèrent le droit de grâce, on le conçoit parfaitement : dans cette législation, il était à chaque ligne.

L’âme du dix-huitième siècle, sa meilleure inspiration, la plus humaine et la plus tendre, celle de