Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/146

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emporté, violent, effervescent, d’un caractère en désaccord avec sa robe de prêtre ; Payne, d’un flegme extraordinaire, plus qu’Anglais, qu’Américain, couvrant de la placidité apparente d’un quaker une âme plus naturellement républicaine que ne le fut peut-être celle des plus brillants zélateurs de la République.

Le discours de Grégoire était foudroyant pour Louis XVI. Il faut le juger, disait-il, mais il a tant fait pour le mépris qu’il n’y a plus place à la haine. Et il l’accablait d’un trait ; c’est qu’au 10 août il avait pu abandonner ses serviteurs à la mort ; tranquille au sein de l’Assemblée, il mangeait, pendant qu’on mourait pour lui.

Payne, dans une lettre qu’il écrivit à la Convention (il ne parlait pas notre langue), se prononçait de même contre l’inviolabilité. Il voulait qu’on fit le procès, non pas pour Louis XVI qui n’en valait pas la peine, mais comme un commencement d’instruction judiciaire contre la bande des rois. « De ces individus, dit-il, nous en avons un en notre pouvoir. Il nous mettra sur la voie de leur conspiration générale. Il y a aussi de fortes présomptions contre M. Guelfe, électeur de Hanovre, en sa qualité de roi d’Angleterre. Si le procès général de la royauté fait voir qu’il a acheté des Allemands, payé de l’argent anglais le landgrave de Hesse, l’exécrable trafiquant de chair humaine, ce sera une justice envers l’Angleterre de lui bien établir ce fait. La France, devenue république, a intérêt de