Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/166

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Ce qui est plus sérieux, ce qu’a négligé Saint-Just, c’est la thèse de l’intérêt, avouée par Robespierre et posée par lui mieux que celle de la justice : « Le roi est en guerre avec vous ; il combat contre vous du fond de son cachot… Qu’arrivera-t-il, si le procès traîne, s’il dure encore au printemps, quand les despotes nous livreront une attaque générale ? » — Là, Robespierre était fort, réellement ; il y avait lieu de songer si la vie du roi, à cette époque, ne serait pas un danger national. « Statuons donc dès ce moment, disait-il. Point de procès, mais une mesure de salut public, un acte de providence nationale à exercer. Louis doit mourir, parce qu’il faut que la patrie vive… Déclaré traître à la nation, criminel envers l’humanité, qu’il meure au lieu même où sont morts au 10 août les martyrs de la liberté… »

Robespierre disait, dans ce discours, une chose qu’on pouvait tourner contre lui, qui servait ses adversaires : « Le roi a été tué… » Qui a le droit de le ressusciter pour en faire un nouveau prétexte de troubles et de rébellions ? »

C’est précisément ce que disait la Gironde : « Le roi a été tué… Vous le ressuscitez en voulant le tuer encore. » — Et la chose, en effet, arriva ainsi. Le roi, tué au 10 août, revécut par le procès et, le 21 janvier, consomma sa résurrection dans l’âme et le cœur de l’Europe.

« Je demande, dit Buzot, le 4 décembre, que quiconque parlera de rétablir la royauté soit puni de